Jacques LACARRIÈRE
écrivain français
Limoges 2 décembre 1925 - Paris 17 septembre 2005
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J'aime les noms des nuages. Les nimbus qui nimbent le ciel de leurs auréoles diffuses, de leurs contours capricieux, nuages de pluie le plus souvent mais que le mistral pousse ce matin vers les sommets des Pyrénées. Les cumulus, nuages ronds et joufflus, qui s'accumulent en bulles massives et souvent tourmentées, en dômes turbulents. L'Atlas International des Nuages (oui, cet atlas existe, édité par l'Organisation Météorologique Mondiale, Pompadour planétaire en somme), distingue plusieurs habitants de ce monde cumuliforme. Il y a d'abord, citons-le en premier malgré sa modestie, le cumulus humilis, petit nuage de beau temps, parfois minuscule, discret, peu élevé, étiré souvent en longueur par le vent car il est très peu dense. Il y a le cumulus mediocris qui a plus d'ampleur, d'ambition : ses bulles escaladent le ciel en mamelons dodus - qui le font appeler le nuage en chou-fleur. Il y a le cumulus fractus, à bords très déchiquetés (mais les fractures ne sont jamais longues ni graves chez les nuages, ce qui fais que très vite il se dissipe dans le ciel). Et surtout, il y a le cumulus congestus, le roi des cumulus, le plus grand, le plus haut, le plus dense, le plus riche en formes.
in Chemin faisant - 1974