Yves PACCALET
écrivain, philosophe, journaliste et naturaliste français
Tincave 15 novembre 1945
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Les merveilleux nuages
Les nuages jouent un rôle décisif dans la régulation des climats du globe. Tantôt ils refroidissent la planète et tantôt ils la réchauffent. D'un côté, ils renvoient vers l'espace (par réflexion) une importante fraction des rayons du soleil : on dit qu'ils augmentent l'albédo de la terre. De l'autre, ils participent de l'effet de serre, qui piège les infrarouges à basse altitude.
La machine à fabriquer des précipitations pompe, évapore condense et arrose… L'eau retombe du ciel par gravité, sous forme de pluie, de neige, de grésil ou de grêle. On estime qu'en moyenne, une molécule d'eau reste neuf jours dans l'atmosphère. Chaque année, il arrive sur la planète 520 000 kilomètres cubes d'eau du ciel, dont les quatre cinquièmes choient sur les océans et un cinquième sur les continents. La pluviosité varie en fonction de nombreux facteurs, tels la latitude, l'altitude, le relief ou la saison. La quantité d'eau apte à précipiter atteint 50 kilogrammes par mètre carré sous l'équateur. Elle est dix fois moindre au Sahara ou en Antarctique. Ne parlons même pas des déserts quasi absolus, comme celui de l'Atacama, au Chili…
Si l'eau des nuages reste, en moyenne, neuf jours dans l'atmosphère, on estime que les rivières se renouvellent toutes les deux heures et l'océan tous les 5000 ans. Il s'agit, bien sûr, de moyennes. Certaines molécules H2O ne cessent de faire la navette entre la surface marine et les nuages. D'autres, prisonnières dans les fosses abyssales ou les nappes phréatiques profondes, n'en bougent pas pendant des millénaires.
L'eau des océans s'évapore en pompant des quantités gigantesques de chaleur. Ce phénomène constitue un facteur essentiel du régime des climats. La mer absorbe et restitue les calories bien plus lentement que l'air. Elle est la régulatrice des températures du globe. Le volant thermique de la planète…
Les pluies et les neiges arrosent les continents et subissent des destins divers. Plus de la moitié de leur eau s'évapore très vite et retourne dans l'atmosphère. Une fraction percole ou s’infiltre dans le sol : elle alimente les nappes phréatiques et les rivières souterraines, et remonte par capillarité dans les roches et l’humus, où elle constitue un réservoir hydrique pour les êtres vivants. Souvenons-nous qu'un hectare de forêt transpire entre 20 et 50 tonnes d'eau par jour.
Le reste des précipitations ruisselle en surface et forme les petits ruisseaux et les grandes rivières.
L'enfant Monde
Suce le sang transparent
Des artères de Gaïa
Les fleuves coulent vers la mer, toujours dans le même sens : de l’amont vers l’aval. À une exception près : le fleuve Alphée de la mythologie grecque, qui remonte vers sa source… Il faut dire que ce cours d'eau résulte la métamorphose d'un chasseur épris de la nymphe Aréthuse, laquelle s'est changée en fontaine pour lui échapper.
Le prétendant liquide cherche encore sa belle dans la montagne …
in Le grand roman de la vie - JC Lattès - 2009