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Masaï

Les savoirs sur les nuages de pluie
   du   peuple   parakuiyo
masaï dans le Morogoro,  Tanzanie
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Présenté par Adam Kuleit Ole Mwarabu
Organisation      pour      le      développement      communautaire   
autochtone    des    éleveurs    Parakuiyos
(Parakuiyo Pastoralists Indigenous        Community        Development        Organisation, PAICODEO)
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La méthodologie de la recherche communautaire entreprise avec la communauté parakuiyo masaï était de nature participative. Cela incluait des gens assis en cercle pour des rassemblements de groupe pour aborder le savoir communautaire sur les précipitations. Les anciens, les femmes, les hommes et les jeunes faisaient partie de conversations en groupes et individuellement. Ces conversations se tenaient sans transcription sur papier car cela aurait pu créer de l’anxiété.  Tout se déroulait plutôt oralement avec une prise de notes par la suite. Pour certaines conversations, les conclusions tirées par la communauté étaient transcrites sur des tableaux à feuilles ou par enregistrements audios ou vidéos.

Pour la culture masaï, les nuages de pluie ont des caractéristiques bien définies.  Il existe des noms traditionnels pour ces nuages :  Makarot, et   Loltatwa (apportant   des   pluies   longues   et   lourdes couvrant des surfaces étendues) ; Kipusi, Olpalakanga, Lolaikamban, Olongw’i et Olong’u (qui apportent des pluies différentes – de la bruine à la pluie battante mais couvrant des surfaces plus petites) ; Lolkaria ; et Nepumba ou Maruguru. Les Masaïs analysent d’autres caractéristiques météorologiques comme la direction et la force des vents, la présence de la poussière et de la brume.  

Les indicateurs indiquant l’arrivée d’une saison pluvieuse sont :

a) la floraison de différents types de végétation, la nouvelle croissance et le feuillage sur certains arbres comme les arbres :  Olng’aroji, Oloisa, Oiti, Olkambala, Olaiseleiyai et Olmisira;

b) une augmentation des nuages de poussière Olwao;

c) des nuages de pluie accompagnés du tonnerre et de la foudre aperçus de loin ;

d) la présence des étoiles de pluie comme Olokira le Nkakenya (Kilekeny), Olokiro lo Iltorobo (Olokiro   le   Nteipa), Ilanyamuk (les   étoiles   masculines) et Inkokwa (les étoiles féminines) ;

e) la flexion de la lune vers la droite (l’indicateur des précipitations fortes ou normales) et le cycle lunaire ;

f) le chant des oiseaux Oltilo, Olube, Inekipiriak volant dans le ciel

g) les taureaux et les vaches pleurant, sentant Inkuta (les gouttes de pluie), avançant vers la pluie lorsqu’ils sont en pâture ;

h) la   présence   d’Embaso-Inkatambo   nataana (un nuage fumé couvrant les terres et les montagnes) et    la    présence    d’Enkoitiko (l’extension d’un nuage avec des taches de zèbre aperçu dans le ciel) ;

i) la lune et le soleil faisant des cercles similaires aux kraals, comme dans un manyatta (un enclos temporaire, un encampement) à travers le nuage Enkoitiko.

Les Masaïs imputent la réduction et la disparition de la pluie à plusieurs facteurs, par exemple, à la réduction et à la dégradation des arbres et des habitats forestiers et de certains habitats associés aux nuages de pluie. À cela s’ajoute une perte de certains aspects culturels comme les chants, les prières et les pratiques rituels pour la pluie, qui s’ajoutent à leur croyance de la malédiction du dieu Enkai Nanyokie.  L’urbanisation et les accaparements des terres, d’endroits importants et riches en végétation et aussi d’endroits sacrés sont des menaces.

Il est évident que les jeunes s’intéressent très peu aux sagesses et aux savoirs des anciens, par exemple, celui de reconnaître les différents types de nuages et leurs significations. Il existe une variété de nuages de pluie et une variété de vents qui prédisent l’arrivée des précipitations.  Cela se nomme « le langage des nuages de pluie ».  En ce qui concerne la communication avec les anciens, la façon dont on leur parle est importante, il faut par exemple parler pour vraiment écouter. Alors, à quel point ces types de nuages de pluie sont-ils compatibles avec les approches météorologiques qui définissent les nuages de pluie et cherchent à expliquer leurs évolutions ? D’autres groupes autochtones ont-ils des catégorisations similaires des types de nuages et des vents ?  Existe-t-il des attributs similaires qui pourraient être utilisés dans le futur ?  Ce sont des questions qui doivent être explorées et résolues.

L’étude des nuages à partir des savoirs autochtones   s’accorde   bien   avec   la   science   météorologique, car   ils   sont, pour   les   deux   systèmes de connaissances, des signes critiques pour la collecte des données météorologiques.  Parmi tous les groupes du territoire masaï il existe des dissemblances dans la dénomination des nuages et dans le positionnement de ceux-ci au-dessus de leurs terres, sinon le reste du corpus de savoirs est plus au moins semblable. Les Masaïs disent que la foudre à une demeure, pas seulement les nuages.

La lune et les astres du matin et du soir aident à identifier l’arrivée des précipitations. Les hommes et les femmes connaissent les astres, pourtant il y a un lien spirituel particulier entre les femmes et Dieu en ce qui concerne les prières pour la pluie, l’étoile du matin joue un rôle important à cet égard. Si elle disparait ou si elle ne suit pas la voie correcte, la communauté célébrera un mariage simulé. Cela est arrivée en 2017.

Le calendrier masaï a évolué avec le temps, car il est lié au calendrier des pâtures et il a été dégradé à cause des changements climatiques. Les   calendriers   masaïs   commencent   avec   la   pluie.  Le savoir des anciens doit être transmis et il est primordial d’avoir une base de données des différents savoirs traditionnels.  Nous devons documenter et utiliser ces savoirs pour aider au   processus   d’adaptation   aux   changements   climatiques.     La     transmission     aux     jeunes     générations est alors capitale. Il est clair qu’il existe des côtés physiques et des côtés spirituels des savoirs autochtones.

Les Masaïs ont aussi surveillé la neige sur le Kilimandjaro qui disparait et ils disent que « le Kilimandjaro meurt »

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Publié  en  2020  par  l’Organisation  des  Nations  Unies  pour  l’éducation,  la  science  et  la  culture  7,  place  de  Fontenoy, 75352 Paris 07 SP, France© UNESCO 2020
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