Victor DELERUE
homme de lettres français
1793 - 1871
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Les fleurs et le nuage
Le soleil de juillet, de ses flèches ardentes
Avait atteint le sein des fleurs ;
Leurs têtes pâles et mourantes
D'une longue agonie accusaient les douleurs.
Toutes allaient périr, quand un nuage sombre,
Aux flancs noirs et prêts à s'ouvrir
Parut à l'horizon ; il semblait accourir
Apportant et la pluie et l'ombre
Tout exprès pour les secourir.
Les fleurs de s'écrier : "Ah ! quel heureux présage,
Salut à vous, beau messager du ciel,
Versez, versez sur nous les dons que l'Éternel
Mit dans vos vastes flancs !" Mais l'orgueilleux nuage
Sans s'arrêter alla toujours son train ;
Malgré leurs cris il poursuivit sa route,
Sans leur verser la plus légère goutte
De l'eau dont l'avare était plein.
Mais Dieu punit cet inhumain
Plus tard il descendit au plus profond des ondes,
Frappé par des foudres vengeurs.
On voit ainsi périr des richesses fécondes
Qui pourraient aisément, par de sages faveurs,
Du pauvre, hélas! soulager les douleurs.
in Fables et poésies diverses - 1863