PEROT
homme de lettres français
? - 18?
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Le soleil et les nuages
Allégorie
Aux confins de la mer profonde,
L'astre qui rend la vie et la couleur au monde,
Quittant son lit de pourpre et d'or,
S'élevait radieux du point de l'étendue
Où l'onde avec le ciel semble être confondue,
Et, noble prenait son essor.
Les ombres de la nuit avaient fui sa lumière ;
Et l'aube matinale, en humides vapeurs,
S'exhalait lentement enlevant la terre
Ses voiles douteux et trompeurs.
Les cieux ravis à sa présence
Revêtaient leur robe d'azur ;
Dans son miroir limpide et pur
La mer le reflétait avec reconnaissance.
Et des plaines de l'air un concert enchanteur,
Livrant aux vents son harmonie,
Se mêlait aux transports de la nature unie
Pour saluer son bienfaiteur.
Partout la vérité succédait au mensonge ;
La lumière à l'obscurité ;
Et tout , dans l'univers, comme au sortir d'un songe,
Voyait renaître sa beauté.
Seul, parmi ces douces images,
Ces tableaux riants et joyeux,
Un essaim de sombres nuages
Restait morne et silencieux.
Ténébreux amants du mystère,
Et de l'ombre des nuits propice à leurs projets,
Ensemble ils maudissaient l'éclat de la lumiere
Qui les dévoilait à jamais.
Alors, à leurs desseins conformant leur langage,
Ils dirent à ta terre : " Ecoutez notre voix ;
Tout n'est que vanité, ce soleil vous outrage ;
Il veut vous éblouir et vous dicter des lois ;
Avec art sur vous il dirige
Son éclat brillant et trompeur ;
Fuyez de ses reflets le dangereux prestige !...
L'obscurité , c'est le bonheur. "
Mais la terre éclairée et se sentant renaître,
Répondit à ces rois du nocturne séjour :
" La nuit est la mort de tout être ;
On ne vit qu'aux rayons du jour. "
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Encourageons l'élan des âmes généreuses,
Et fermons notre cœur aux sources ténébreuses
Du fanatisme et de l'erreur !
Etouffer la raison, briser l'intelligence,
C'est méconnaître Dieu, ses œuvres, sa puissance ;
C'est renier le Créateur !
1854
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