La théorie du nuage
spectacle
création 2014
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mise en scène et dramaturgie
Élise TRUCHARD
et Alessandro VUILLERMIN
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musique : Marc Ribot
avec
Mélanie Bourgeois
Jean-Christophe Cochard
Élise Truchard
développement multimédia : Benjamin Cadon - Labomedia
lumières : Alessandro Vuillermin
costumes : Hélène Heyberger
avec le soutien
du Conseil régional du Centre,
du Conseil général d’Eure-et-Loir,
de l’Échalier (Saint-Agil),
du 108 (Orléans),
de l’Atelier à spectacle - Scène conventionnée de
Vernouillet (Eure-et-Loir),
des Fées d’Hiver (Hautes-Alpes)
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La théorie du nuage naît de la sensation éprouvée devant un nuage qui passe, solitaire, lointain, à la fois dense et léger, présence aérienne qui impose le calme et nous rappelle à notre humanité. Cette transformation perpétuelle a lieu sous nos yeux, au-dessus de nos têtes, et évoque à chaque instant ce mouvement incessant du vivant que nous ressentons intérieurement.
Il suffit de regarder un nuage quelques instants pour que l’imaginaire se déclenche et que les images qui nous viennent nous transportent dans un ailleurs intime.
Nous sommes partis de cette sensation pour en décortiquer les mécanismes, extraire l’émotion qui s’en dégage et interroger ce qu’elle provoque.
Derrière cette réflexion, se dessine une analogie : comme pour un nuage qui passe, au théâtre, “être” est la plus immatérielle des présences.
La matière première qui guide notre travail est l’air : cette matière qui n’a pas de réalité sans souffle, sans vent, sans nuage, n’est tangible que par sa transformation, son mouvement, les signes qu’elle imprime.
Il n’y aura pas de texte : comme des nuages, les acteurs sont universels, pure présence en deçà du langage, non pas dans le refus du texte, mais dans une émotion première, antérieure à la parole.
Pour explorer cette figure aérienne, nous travaillons sur sa légèreté contagieuse : la dramaturgie se déroule ainsi autour de la verticalité et est inspirée par l’apesanteur hypnotique des nuages.
Pour cela, nous avons eu recours à un dispositif capable de rendre les acteurs et les objets immatériels : cette fonction “dématérialisante” sera assurée par le dispositif numérique. L’”être” des acteurs, leur mouvement, sera retranscrit par des capteurs et sera reproduit par projection vidéo sur des supports aériens, eux-mêmes en mouvement.
Nous expérimentons en ce moment la projection sur des supports “éphémères”, comme de la fumée, de la vapeur d’eau, du brouillard et/ou de l’eau en suspension : l’image sera présente physiquement, ici et maintenant, impalpable et non derrière la fenêtre de l’écran.
Le nuage sera donc traité comme support de l’invisible, de l’insaisissable. Cette double nature du nuage, comme support de “projection” de forces invisibles mais aussi en tant que vecteur d’une émotion bien distincte, nous a amenés à nous interroger sur les principes de réalité / virtualité.
Avec son incarnation sur un support immatériel, cet “être virtuel”, sans corps ni poids, sera l’acteur d’un autre type de présence. La limite entre réalité, virtualité et rêve devient alors floue, légère et inconsistante : être présent n’est plus être réel.
in Note d’intention artistique
par Élise Truchard et Alessandro Vuillermin, dramaturges et metteurs en scène